Avec les mots imposés :
Mangé Avalé Tripatouillé Abimé Effacé Arrangé Crié Explosé Pleuré
griffonnés au lendemain du triste évènement.
par Michèle Cartelot (D.U. "écriture créative et métiers de la rédaction")
J'ai mangé des mots
J'en ai avalé en grande quantité
Sans faire de quartier.
Des mots de tous les jours.
Des mots tendres, des mots joyeux, des mots conciliants
Des mots amusants, des mots de maisonnée.
Et puis sont arrivés
Sans tambour ni trompette
A brûle-pourpoint
À point nommé
Les mots de terre, les mots de mer, les mots des forêts
Les mots de têtes, les mots de pieds
Les mots d'émotions, les mots de réflexions
Les mots scolaires, les mots terre à terre
J'en ai rempli des herbiers, des cahiers
Des tiroirs et des armoires
J'en ai caché des quantités sous mon oreiller
J'ai joué avec eux à la nuit tombée.
J'ai tripatouillé ceux qui m'amusaient.
J'ai abîmé les mots trop compliqués.
Avec une grosse éponge imbibée
J'ai effacé les mots de craie de la maîtresse de CP.
Je me suis appliquée à arranger les mots entre eux pour les mettre d'accord A les coucher sur le papier sans faire d'histoires.
Pas un mot plus fort que l'autre, jamais.
7 janvier, fin de matinée, ils sont entrés sans frapper
... ... ... Charb a peut-être crié des mots sans armes pour ne pas exploser
... ... ... Cabu a peut-être explosé de mots de l'avoir vu crever
... ... ... Tignous et Wolinski ont peut-être pleuré des mots sans larme et sans crier
Mots évidés, perforés, tranchés, déchirés, lacérés, Impossibilité brute de nommer
L'irruption forcenée dans notre réalité
Des brutalités d'âges reculés.
Motus et bouche cousue, c'est ce qu'ils voudraient.
Je cherche dans mes cahiers, je fouille dans mes herbiers, je vide mes tiroirs et mes armoires. J'ouvre une valise, soulève le double-fond. Sur la première page d'un de mes carnets noirs, je lis un mot griffonné à la hâte le soir du 7 janvier :
OBSCURANTALITÉ : nom féminin 2015 Irruption brutale, inattendue, violente et sanglante dans la réalité des héritiers des "lumières" d'un obscurantisme nourri dans son sein et grandi dans ses rangs.
Mangé Avalé Tripatouillé Abimé Effacé Arrangé Crié Explosé Pleuré
griffonnés au lendemain du triste évènement.
par Michèle Cartelot (D.U. "écriture créative et métiers de la rédaction")
J'ai mangé des mots
J'en ai avalé en grande quantité
Sans faire de quartier.
Des mots de tous les jours.
Des mots tendres, des mots joyeux, des mots conciliants
Des mots amusants, des mots de maisonnée.
Et puis sont arrivés
Sans tambour ni trompette
A brûle-pourpoint
À point nommé
Les mots de terre, les mots de mer, les mots des forêts
Les mots de têtes, les mots de pieds
Les mots d'émotions, les mots de réflexions
Les mots scolaires, les mots terre à terre
J'en ai rempli des herbiers, des cahiers
Des tiroirs et des armoires
J'en ai caché des quantités sous mon oreiller
J'ai joué avec eux à la nuit tombée.
J'ai tripatouillé ceux qui m'amusaient.
J'ai abîmé les mots trop compliqués.
Avec une grosse éponge imbibée
J'ai effacé les mots de craie de la maîtresse de CP.
Je me suis appliquée à arranger les mots entre eux pour les mettre d'accord A les coucher sur le papier sans faire d'histoires.
Pas un mot plus fort que l'autre, jamais.
7 janvier, fin de matinée, ils sont entrés sans frapper
... ... ... Charb a peut-être crié des mots sans armes pour ne pas exploser
... ... ... Cabu a peut-être explosé de mots de l'avoir vu crever
... ... ... Tignous et Wolinski ont peut-être pleuré des mots sans larme et sans crier
Mots évidés, perforés, tranchés, déchirés, lacérés, Impossibilité brute de nommer
L'irruption forcenée dans notre réalité
Des brutalités d'âges reculés.
Motus et bouche cousue, c'est ce qu'ils voudraient.
Je cherche dans mes cahiers, je fouille dans mes herbiers, je vide mes tiroirs et mes armoires. J'ouvre une valise, soulève le double-fond. Sur la première page d'un de mes carnets noirs, je lis un mot griffonné à la hâte le soir du 7 janvier :
OBSCURANTALITÉ : nom féminin 2015 Irruption brutale, inattendue, violente et sanglante dans la réalité des héritiers des "lumières" d'un obscurantisme nourri dans son sein et grandi dans ses rangs.
