Elsa
JOUSSEAU & Hélène PALARDY
Public : Enfants
francophones, potentiellement bilingues anglais de 8 à 11 ans, échelle sociale
plutôt confortable, voire aisée.
Nombre
participants :
une dizaine maximum.
Lieu : Médiathèque
des enfants « Quentin Blake » à Londres.
Contexte : La
médiathèque des enfants (Bibliothèque Quentin Blake) est neuve. Il s'agit de
mettre à profit les nouveaux aménagements en proposant de nouvelles activités
aux familles et d'adapter une offre culturelle du pays d'accueil (anglo-saxon)
à la culture qui s'installe (française).
L’atelier d’écriture est une pratique courante chez les anglo-saxons
et permet aux français de s’adapter à la culture anglaise.
L’Institut français a fait de la pub auprès de la population
expatriée et la population autochtone.
Inscription :
les enfants s’inscrivent la veille pour le lendemain, il faut donc les inciter
à revenir tous les jours.
Espace :
Trouver une salle conviviale dans la médiathèque où l’on
peut faire un peu de bruit et discuter tranquillement, agencer les tables de
façon à former un grand carré et que tous les enfants soient assis ensemble
pour former un groupe à distance égale les uns des autres. Il y a des livres
partout autour.
Matériel : un
paper board, des feutres de plusieurs couleurs, des feuilles blanches A4, des
crayons de couleurs, une agrafeuse. Attention : pas de photocopieuse dans
la médiathèque !
Fréquence : Pendant
les vacances scolaires de février, 4 séances (mardi, mercredi, jeudi,
vendredi).
Durée : 1h30.
Objectif :
Quentin Blake est un écrivain et illustrateur connu,
notamment pour ses illustrations des romans de Roald Dahl. Il a été anobli par
la Reine en 2013 et fait Chevalier de la légion d’honneur par l’Institut français
de Londres en 2014. Il nous semble donc pertinent que l’atelier soit à la fois
d’écriture et permette de dessiner.
L’objectif est donc d’écrire une petite histoire collective
qui sera illustrée et publiée pour être laissée à la médiathèque et donnée aux
familles. Il s’agit également de trouver un espace convivial hors de l’école où
les enfants francophones peuvent se connaître autrement, de créer du lien.
Sur
le plan linguistique, il s’agit de stimuler leur créativité et de jouer avec
les deux langues que les enfants pratiquent : leur langue maternelle (français)
et celle du pays d’accueil (anglais).
Bien
veiller à ce que chacun apporte à l’histoire collective un élément (histoire,
dessin, idée…) et que personne ne soit oublié.
Séance 1 :
LE HEROS DE L’HISTOIRE
•
1er temps : présentation et
jeux (~15 mn)
Tout
d’abord, on créer de la convivialité entre les participants et les faire se
présenter.
L'animateur
apprend les noms des participants avec des petits jeux, les répète plusieurs
fois pour que les autres enfants les apprennent.
Ex :
-
Jeu sur sonorité : 1er
tour de table où chaque enfant fait rimer son propre prénom avec mot/expression
de son choix anglais ou français (Hélène :
hyène) – 2ème tour, idem mais former une phrase avec la rime (Je
m’appelle Hélène, je rie comme une hyène) – 3ème tour de
table : idem + ajouter un son (Je m’appelle Hélène, je rie comme une hyène
+ rire).
-
Expérience
d’Elsa qui a animer les jeux à l’oral et à l’écrit (en différé de Londres) :
« Le jeu en début de séance marche super bien (et ça m'a
bien aidé, vu que j'en avais 10.... J'ai refait deux tours pour tous les
apprendre), et quand un enfant ne trouve pas, si on demande aux autres d'aider,
ils participent assez facilement.
Pour le bilinguisme : certains écrivent spontanément en français
(la majorité), quelques uns écrivent en anglais. Je les ai laissé mélanger
aussi. Il y a un garçon qui a fait rimer pancake/sake/fake avec Québec. Aussi,
il y a une petite qui a fait un truc pas banal : elle avait fait tout un
jeu de rimes en "ic" et elle a fini par "portenawoic"
(n'importe quoi en verlan). En français, ça ne rime pas, mais il y a une rime
visuelle, qui est quelque chose qui existe en poésie anglaise.
•
2ème temps : les
caractéristiques du héros (~25 mn)
On
leur demande donc de choisir un personnage/animal/une chose qu’ils aiment bien,
même si c’est bizarre pour les autres.
Ex : Elsa
aime bien les escargots et les gens trouvent ça bizarre parce qu’ils trouvent
que les escargots sont moches, mous et dégoûtants.
On
leur demande pourquoi ils aiment bien (Elsa aime bien les escargots parce que,
même s’il sont mous, ils sont élastiques : ils peuvent rentrer dans leur
coquilles en entier et ils peuvent sortir et rentrer leur yeux).
A
présent, qu’est –ce qui est bizarre, qu’est-ce qui n’est pas habituel ou normal
pour ce personnage ? ((Ex : Un escargot tout dur qui n’est pas
élastique. Un cochon coquet. Un chevalier peureux. Un oiseau qui chante faux.
Une gentille sorcière)
On
l’écrit sur une feuille.
Expérience d’Elsa (toujours en différé
de Londres) : Les enfants semblent s’amuser à faire les choses sans
forcément qu’on leur explique pourquoi.
Si toutefois il y a besoin, on peut
dire aux enfants que le personnage principal dans une histoire n’est pas
toujours tout beau et intelligent. Sinon, il ne serait pas intéressant. Il peut
être bizarre aux yeux des autres, avoir une particularité. Ce peut être une
chose, un animal, un être imaginaire qu’on aime bien et qui a quelque
chose qui nous intrigue, quelque chose qu’on n’attend pas de lui/elle, qui
n’est pas normal pour lui/elle.
•
3ème temps : le nom du héros (~25
minutes)
Ensemble,
on revient sur le héros choisit. On lui trouve un nom drôle en jouant sur les
sonorités comme on l’a fait pendant notre jeu d’échauffement (Ex : un
prince qui pue mais qui en est fière : « Je m’appelle « Prince
qui claque du bec », je suis le prince qui fouette ! Baaah ! » -
Un escargot tout dur : « Je suis Pierre l’escargot. On ne peut pas me
manger sans se casser un chicot »).
On
le dessine.
On
regroupe tous les dessins et on se met d'accord sur des éléments qu'on put
apporter les dessins (âge, sexe, taille, objets, particularités physiques,
etc.)
Expérience d’Elsa (différé) :
« Le groupe que j'avais avait entre 8 et 11
ans, c'est vrai que les plus grands sont très indépendants et très inventifs,
ils peuvent écrire leur histoire. Ça permet d'aider ceux qui ont plus de mal ou
de relancer ceux qui sont en panne. Je leur ai proposé d'inventer des
mots. Il y en avait plein qui avaient inventé des mots d'une nouvelle langue,
ou des noms de lieux, d'habitants de lieux, etc. Du coup je leur ai dit que
ceux qui reviendraient demain pourraient les utiliser dans l’histoire (ils
s'inscrivent à la séance) et continuer le jeu. »
•
4ème
temps : la bêtise du héros (~25 minutes)
Si
besoin, on peut expliquer aux enfants que dans une bonne histoire, il faut que
le personnage fasse quelque chose qu’il ne doit pas faire. Cela change tout et
l’histoire peu commencer.
Si
non, on entre directement dans le feu de l’action et le jeu : On leur
demande de citer des choses interdites, des bêtises à ne pas faire (parler aux
inconnus, manger beaucoup de bonbons, être méchant avec ses frères et sœurs,
etc.)
Ex :
pour Elsa, une grosse bêtise est ne pas aller au travail, ou ne pas payer ses
impôts. Mais ce sont des bêtises d'adulte. Ce peut être aussi ne manger QUE des
pizzas.
Toutefois,
l’imagination foisonnante des enfants en la matière nous incite à penser qu’il
n’y ait pas besoin de donner d’exemple.
On
cherche pourquoi ce sont des bêtises et ce qu'il peut se passer si on les
réalise (si on ne mange que des pizzas, on va peut-être tomber malade, on va peut-être
m'ennuyer et peut-être que l’on aura envie de manger de la salade ; si on
ne paye pas mes impôts, peut-être que la police viendra nous chercher et que
l’on devra se cacher)
Les
enfants écrivent sur une grande feuille les bêtises auxquelles ils ont pensé et
pourquoi (chaque enfant écrit au moins une chose. Si un enfant ne trouve pas,
les autres peuvent l’aider).
Lectures
des propositions – vote pour une d’entre elles
On
annonce la proposition de demain pour leur donner envie de revenir et stimuler
leur imagination : la création du méchant !
Séance 2 : Le
Méchant et le début de l’histoire
Intro :
chacun (peut-être y aura-t-il des nouveaux !) se présente avec son prénom
+ la phrase qui rime inventée comme à la dernière séance mais avec nouveaux
mots, voire des mots inventés+ le son (5 mn) à l’oral !
S’il
y a des nouveaux, on demande aux autres de leur expliquer ce qui a été fait la
veille.
•
1er
temps : caractéristiques du méchant : choses qui font peur !
(~25-30 minutes)
On
demande aux enfants ce qui leur fait vraiment peur ? (Des gens ?
Des animaux ? Des endroits ? Des bruits ?)
On
cherche ce qui fait vraiment peur dans ces choses (il y a beaucoup de pattes
chez les araignées, elles courent très vite - le proviseur a grand bureau, il
peut me licencier s'il n'est pas content de moi).
On
écrit sur une autre feuille plusieurs choses qui font vraiment peur.
Lectures
des propositions – vote de plusieurs d’entre elles.
-
2ème
temps : le nom du méchant (~25 minutes)
À
partir des éléments qui ont été discutés pendant le 1er temps, des
observations faites par l'animateur, on construit ensemble un personnage de méchant.
En fonction de ses attributs, on lui cherche un nom ou on invente des mots
nouveaux (comme vu pour le héros), puis on le dessine.
On
regroupe tous les dessins et on se met d'accord sur des éléments qu'on put
apporter les dessins (âge, sexe, taille, objets, particularités physiques,
etc.)
•
3ème
temps : le contexte (30
minutes)
On
choisit un lieu pour commencer l’histoire : les élément pour constituer le
héros et le méchant nous aident déjà à savoir si notre histoire est une
histoire réaliste ou imaginaire. Est-ce que ça se passe en ville ? À la
campagne ? À l'école ? Au travail ? A la maison ?
Ensuite,
on détermine une époque : aujourd’hui ? Il y a longtemps ? Dans
le futur ?
Est-ce
qu'il y a d'autres personnages ? (Adjuvants et méchants secondaires) ?
On
demande aux enfants de trouver les noms du lieu principal, et des personnages
en jouant avec les mots comme nous l’avons pratiqué auparavant.
Pendant
les dernières minutes, on prépare la 3e séance en commençant à écrire le tout
début de l'histoire : « il était une fois [brève description du
héros] qui […] » + éléments sur lesquels on s'est mis d'accord.
Ex: « Il était une
fois un escargot tout dur qui ne voulait pas aller au travail et qui préférait
manger des pizzas dans sa coquille toute la journée. »
On
annonce la séance de demain.
Séance 3 : ECRITURE DE
L’HISTOIRE
Petit
jeu d’introduction. La séance est dense aussi, on explique et on montre
directement aux nouveaux potentiels ce qui a été réalisé. Ils ont de la
chance : ils vont pouvoir écrire l’histoire aujourd’hui !
On
revient sur l’introduction qui a été amorcé et on développe l’histoire en
pensant à l’intervention du méchant et des personnages secondaires.
Pour
cela, on choisit ensemble la quête, le but, la mission du héros (sans
forcément mentionner le terme)
- 1er temps : 1ère
étape de l’histoire (25 mn)
On
part du lieu d’introduction et on voit où le héros peut aller selon son but.
Que
se passe-t-il (actions, événements, surprises qui lui font connaître une
difficulté) ?
Est-ce
qu’il rencontre quelqu’un ou quelque chose qui va l’aider (un objet, un animal,
une créature, un être imaginaire ?)
Suite
à cette première étape, cette première aventure, qu’est-ce qui a changer dans
le héros ?
Est-ce
qu’il approche de son but ?
- 2ème temps : 2ème
étape de l’histoire (25 mn)
Idem.
- 3ème temps : la
résolution (25 mn)
Dans
quel lieu le personnage est arrivé ? Combien de temps s’est écoulé depuis
le début de l’histoire ?
Qu’est-ce
que devient le méchant ?
Qu’est-ce
qui a changé pour le personnage : est-il différent ? A-t-il gagner ou
perdu quelque chose ?
Trouver
une petite formule/morale de fin.
Relecture
de toute l’histoire et modifications/validations avec les participants.
On
choisit un titre !
On
annonce la séance de demain.
Séance 4 : ILLUSTRATION et
jeux
Intro :
jeu de présentation et sonorité.
Un
exemplaire de l’histoire a été préalablement imprimé sous forme de feuilles
séparées (voir soit A5 soit A4).
Cette
séance laisse assez d’autonomie aux enfants. On peut accompagner les nouveaux
sur des jeux qui vont les amener à écrire une petite histoire et faire un
dessin.
Ex :
créer LEUR héros dont ils pourront imaginer les aventures plus tard et le
dessiner.
Pour
ceux qui ont suivi les ateliers : chaque enfant doit dessiner le moment de
l’histoire qu’il préfère (20 mn)
On
insère ce dessin dans son exemplaire de l’histoire.
Ensuite,
les enfants choisissent quels autres dessins ils veulent insérer pour illustrer
l’histoire. Il en faut au moins un qui ne soit pas le leur.
On relit les feuilles ensemble pour constituer un livret.
Un temps est pris pour que les nouveaux lisent ce qu’ils ont
imaginé.
Chaque enfant repart avec sa petite histoire illustrée.
Fin possible et conviviale (5 mn) : une chanson à
répondre à chanter ensemble qui raconte une histoire et qui est accompagnée par
des gestes qu’ils doivent répéter.
Proposition de tube international et intergénérationnel
: « L’arbre est dans ses feuilles » (chanson traditionnelle
francophone).
Ainsi, chacun repart avec un souvenir et, idéalement,
l’envie de revenir pour d’autres ateliers !