vendredi 19 février 2016

Atelier pour enfants à la médiathèque "Quentin Blake" à Londres - par Elsa JOUSSEAU & Hélène PALARDY

MASTER 2 – Ecriture créative Animation d’un atelier d’écriture

Elsa JOUSSEAU & Hélène PALARDY


Public : Enfants francophones, potentiellement bilingues anglais de 8 à 11 ans, échelle sociale plutôt confortable, voire aisée.

Nombre participants : une dizaine maximum.

Lieu : Médiathèque des enfants « Quentin Blake » à Londres.

Contexte : La médiathèque des enfants (Bibliothèque Quentin Blake) est neuve. Il s'agit de mettre à profit les nouveaux aménagements en proposant de nouvelles activités aux familles et d'adapter une offre culturelle du pays d'accueil (anglo-saxon) à la culture qui s'installe (française).
L’atelier d’écriture est une pratique courante chez les anglo-saxons et permet aux français de s’adapter à la culture anglaise.
L’Institut français a fait de la pub auprès de la population expatriée et la population autochtone.

Inscription : les enfants s’inscrivent la veille pour le lendemain, il faut donc les inciter à revenir tous les jours.

Espace : Trouver une salle conviviale dans la médiathèque où l’on peut faire un peu de bruit et discuter tranquillement, agencer les tables de façon à former un grand carré et que tous les enfants soient assis ensemble pour former un groupe à distance égale les uns des autres. Il y a des livres partout autour.

Matériel : un paper board, des feutres de plusieurs couleurs, des feuilles blanches A4, des crayons de couleurs, une agrafeuse. Attention : pas de photocopieuse dans la médiathèque !

Fréquence : Pendant les vacances scolaires de février, 4 séances (mardi, mercredi, jeudi, vendredi).

Durée : 1h30.

Objectif :  
Quentin Blake est un écrivain et illustrateur connu, notamment pour ses illustrations des romans de Roald Dahl. Il a été anobli par la Reine en 2013 et fait Chevalier de la légion d’honneur par l’Institut français de Londres en 2014. Il nous semble donc pertinent que l’atelier soit à la fois d’écriture et permette de dessiner.
L’objectif est donc d’écrire une petite histoire collective qui sera illustrée et publiée pour être laissée à la médiathèque et donnée aux familles. Il s’agit également de trouver un espace convivial hors de l’école où les enfants francophones peuvent se connaître autrement, de créer du lien.
Sur le plan linguistique, il s’agit de stimuler leur créativité et de jouer avec les deux langues que les enfants pratiquent : leur langue maternelle (français) et celle du pays d’accueil (anglais).
Bien veiller à ce que chacun apporte à l’histoire collective un élément (histoire, dessin, idée…) et que personne ne soit oublié.




Séance 1 : LE HEROS DE L’HISTOIRE
                1er temps : présentation et jeux (~15 mn)
Tout d’abord, on créer de la convivialité entre les participants et les faire se présenter.
L'animateur apprend les noms des participants avec des petits jeux, les répète plusieurs fois pour que les autres enfants les apprennent.

Ex :
-       Jeu sur sonorité : 1er tour de table où chaque enfant fait rimer son propre prénom avec mot/expression de son choix  anglais ou français (Hélène : hyène) – 2ème tour, idem mais former une phrase avec la rime (Je m’appelle Hélène, je rie comme une hyène) – 3ème tour de table : idem + ajouter un son (Je m’appelle Hélène, je rie comme une hyène + rire).
-        
Expérience d’Elsa qui a animer les jeux à l’oral et à l’écrit (en différé de Londres) :
«  Le jeu en début de séance marche super bien (et ça m'a bien aidé, vu que j'en avais 10.... J'ai refait deux tours pour tous les apprendre), et quand un enfant ne trouve pas, si on demande aux autres d'aider, ils participent assez facilement.
Pour le bilinguisme : certains écrivent spontanément en français (la majorité), quelques uns écrivent en anglais. Je les ai laissé mélanger aussi. Il y a un garçon qui a fait rimer pancake/sake/fake avec Québec. Aussi, il y a une petite qui a fait un truc pas banal : elle avait fait tout un jeu de rimes en "ic" et elle a fini par "portenawoic" (n'importe quoi en verlan). En français, ça ne rime pas, mais il y a une rime visuelle, qui est quelque chose qui existe en poésie anglaise. 

                2ème temps : les caractéristiques du héros (~25 mn)
On leur demande donc de choisir un personnage/animal/une chose qu’ils aiment bien, même si c’est bizarre pour les autres.
Ex : Elsa aime bien les escargots et les gens trouvent ça bizarre parce qu’ils trouvent que les escargots sont moches, mous et dégoûtants.
On leur demande pourquoi ils aiment bien (Elsa aime bien les escargots parce que, même s’il sont mous, ils sont élastiques : ils peuvent rentrer dans leur coquilles en entier et ils peuvent sortir et rentrer leur yeux).  

A présent, qu’est –ce qui est bizarre, qu’est-ce qui n’est pas habituel ou normal pour ce personnage ? ((Ex : Un escargot tout dur qui n’est pas élastique. Un cochon coquet. Un chevalier peureux. Un oiseau qui chante faux. Une gentille sorcière)
On l’écrit sur une feuille.

Expérience d’Elsa (toujours en différé de Londres) : Les enfants semblent s’amuser à faire les choses sans forcément qu’on leur explique pourquoi.
Si toutefois il y a besoin, on peut dire aux enfants que le personnage principal dans une histoire n’est pas toujours tout beau et intelligent. Sinon, il ne serait pas intéressant. Il peut être bizarre aux yeux des autres, avoir une particularité. Ce peut être une chose, un animal, un être imaginaire qu’on aime bien et qui a quelque chose qui nous intrigue, quelque chose qu’on n’attend pas de lui/elle, qui n’est pas normal pour lui/elle.

                3ème temps : le nom du héros (~25 minutes)
Ensemble, on revient sur le héros choisit. On lui trouve un nom drôle en jouant sur les sonorités comme on l’a fait pendant notre jeu d’échauffement (Ex : un prince qui pue mais qui en est fière : « Je m’appelle « Prince qui claque du bec », je suis le prince qui fouette ! Baaah ! » - Un escargot tout dur : « Je suis Pierre l’escargot. On ne peut pas me manger sans se casser un chicot »).
On le dessine.
On regroupe tous les dessins et on se met d'accord sur des éléments qu'on put apporter les dessins (âge, sexe, taille, objets, particularités physiques, etc.)
Expérience d’Elsa (différé) : « Le groupe que j'avais avait entre 8 et 11 ans, c'est vrai que les plus grands sont très indépendants et très inventifs, ils peuvent écrire leur histoire. Ça permet d'aider ceux qui ont plus de mal ou de relancer ceux qui sont en panne. Je leur ai proposé d'inventer des mots. Il y en avait plein qui avaient inventé des mots d'une nouvelle langue, ou des noms de lieux, d'habitants de lieux, etc. Du coup je leur ai dit que ceux qui reviendraient demain pourraient les utiliser dans l’histoire (ils s'inscrivent à la séance) et continuer le jeu. »

                4ème temps : la bêtise du héros (~25 minutes)
Si besoin, on peut expliquer aux enfants que dans une bonne histoire, il faut que le personnage fasse quelque chose qu’il ne doit pas faire. Cela change tout et l’histoire peu commencer.
Si non, on entre directement dans le feu de l’action et le jeu : On leur demande de citer des choses interdites, des bêtises à ne pas faire (parler aux inconnus, manger beaucoup de bonbons, être méchant avec ses frères et sœurs, etc.)
Ex : pour Elsa, une grosse bêtise est ne pas aller au travail, ou ne pas payer ses impôts. Mais ce sont des bêtises d'adulte. Ce peut être aussi ne manger QUE des pizzas.
Toutefois, l’imagination foisonnante des enfants en la matière nous incite à penser qu’il n’y ait pas besoin de donner d’exemple.

On cherche pourquoi ce sont des bêtises et ce qu'il peut se passer si on les réalise (si on ne mange que des pizzas, on va peut-être tomber malade, on va peut-être m'ennuyer et peut-être que l’on aura envie de manger de la salade ; si on ne paye pas mes impôts, peut-être que la police viendra nous chercher et que l’on devra se cacher)

Les enfants écrivent sur une grande feuille les bêtises auxquelles ils ont pensé et pourquoi (chaque enfant écrit au moins une chose. Si un enfant ne trouve pas, les autres peuvent l’aider).
Lectures des propositions – vote pour une d’entre elles

On annonce la proposition de demain pour leur donner envie de revenir et stimuler leur imagination : la création du méchant !

Séance 2 : Le Méchant et le début de l’histoire
Intro : chacun (peut-être y aura-t-il des nouveaux !) se présente avec son prénom + la phrase qui rime inventée comme à la dernière séance mais avec nouveaux mots, voire des mots inventés+ le son (5 mn) à l’oral !
S’il y a des nouveaux, on demande aux autres de leur expliquer ce qui a été fait la veille.

                1er temps : caractéristiques du méchant : choses qui font peur ! (~25-30 minutes)
On demande aux enfants ce qui leur fait vraiment peur ? (Des gens ? Des animaux ? Des endroits ? Des bruits ?)
On cherche ce qui fait vraiment peur dans ces choses (il y a beaucoup de pattes chez les araignées, elles courent très vite - le proviseur a grand bureau, il peut me licencier s'il n'est pas content de moi).

On écrit sur une autre feuille plusieurs choses qui font vraiment peur.
Lectures des propositions – vote de plusieurs d’entre elles.

- 2ème temps : le nom du méchant (~25 minutes)
À partir des éléments qui ont été discutés pendant le 1er temps, des observations faites par l'animateur, on construit ensemble un personnage de méchant. En fonction de ses attributs, on lui cherche un nom ou on invente des mots nouveaux (comme vu pour le héros), puis on le dessine. 
On regroupe tous les dessins et on se met d'accord sur des éléments qu'on put apporter les dessins (âge, sexe, taille, objets, particularités physiques, etc.)

                3ème temps : le contexte  (30 minutes)
On choisit un lieu pour commencer l’histoire : les élément pour constituer le héros et le méchant nous aident déjà à savoir si notre histoire est une histoire réaliste ou imaginaire. Est-ce que ça se passe en ville ? À la campagne ? À l'école ? Au travail ? A la maison ?
Ensuite, on détermine une époque : aujourd’hui ? Il y a longtemps ? Dans le futur ?
Est-ce qu'il y a d'autres personnages ? (Adjuvants et méchants secondaires) ?
On demande aux enfants de trouver les noms du lieu principal, et des personnages en jouant avec les mots comme nous l’avons pratiqué auparavant.

Pendant les dernières minutes, on prépare la 3e séance en commençant à écrire le tout début de l'histoire : « il était une fois [brève description du héros] qui […] » + éléments sur lesquels on s'est mis d'accord. 
Ex: « Il était une fois un escargot tout dur qui ne voulait pas aller au travail et qui préférait manger des pizzas dans sa coquille toute la journée. »

On annonce la séance de demain.

Séance 3 : ECRITURE DE L’HISTOIRE
Petit jeu d’introduction. La séance est dense aussi, on explique et on montre directement aux nouveaux potentiels ce qui a été réalisé. Ils ont de la chance : ils vont pouvoir écrire l’histoire aujourd’hui !

On revient sur l’introduction qui a été amorcé et on développe l’histoire en pensant à l’intervention du méchant et des personnages secondaires.
Pour cela, on choisit ensemble la quête, le but, la mission du héros (sans forcément mentionner le terme) 

- 1er temps : 1ère étape de l’histoire (25 mn)
On part du lieu d’introduction et on voit où le héros peut aller selon son but.
Que se passe-t-il (actions, événements, surprises qui lui font connaître une difficulté) ?
Est-ce qu’il rencontre quelqu’un ou quelque chose qui va l’aider (un objet, un animal, une créature, un être imaginaire ?)
Suite à cette première étape, cette première aventure, qu’est-ce qui a changer dans le héros ?
Est-ce qu’il approche de son but ?

- 2ème temps : 2ème étape de l’histoire (25 mn)
Idem.

- 3ème temps : la résolution (25 mn)
Dans quel lieu le personnage est arrivé ? Combien de temps s’est écoulé depuis le début de l’histoire ?
Qu’est-ce que devient le méchant ?
Qu’est-ce qui a changé pour le personnage : est-il différent ? A-t-il gagner ou perdu quelque chose ?
Trouver une petite formule/morale de fin.

Relecture de toute l’histoire et modifications/validations avec les participants.

On choisit un titre !

On annonce la séance de demain.

Séance 4 : ILLUSTRATION et jeux
Intro : jeu de présentation et sonorité.
Un exemplaire de l’histoire a été préalablement imprimé sous forme de feuilles séparées (voir soit A5 soit A4).
Cette séance laisse assez d’autonomie aux enfants. On peut accompagner les nouveaux sur des jeux qui vont les amener à écrire une petite histoire et faire un dessin.
Ex : créer LEUR héros dont ils pourront imaginer les aventures plus tard et le dessiner.

Pour ceux qui ont suivi les ateliers : chaque enfant doit dessiner le moment de l’histoire qu’il préfère (20 mn)
On insère ce dessin dans son exemplaire de l’histoire.
Ensuite, les enfants choisissent quels autres dessins ils veulent insérer pour illustrer l’histoire. Il en faut au moins un qui ne soit pas le leur.

On relit les feuilles ensemble pour constituer un livret.

Un temps est pris pour que les nouveaux lisent ce qu’ils ont imaginé.

Chaque enfant repart avec sa petite histoire illustrée.

Fin possible et conviviale  (5 mn) : une chanson à répondre à chanter ensemble qui raconte une histoire et qui est accompagnée par des gestes qu’ils doivent répéter.
Proposition de tube international  et intergénérationnel : « L’arbre est dans ses feuilles » (chanson traditionnelle francophone).


Ainsi, chacun repart avec un souvenir et, idéalement, l’envie de revenir pour d’autres ateliers !